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Oui cette rubrique vous est destinée chers fans. Si vous avez vécu quelque événement (concerts, rencontres,ect...) n'hésitez pas à témoigner sur mon site. Envoyez le moi par mail et je le publierai ici....j'attends vos récits, alors à vos claviers!

Pour le premier fan, je voudrais tirer un grand coup de chapeau à Laurence Lechesne qui a écrit un superbe récit philosophique sur Freddie, le voici dans son intégralité :

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Mon cher Freddie,

Ce n'est pas que l'époque soit triste, elle est seulement morose et vous me manquez beaucoup.L'air du temps est un robinet d'eau tiède et vous haïssiez la tiédeur. En tout vous étiez excessif. Toute votre nature était taillée dans l'ampleur et cousue de paroxysme.Une phrase vous va bien, elle est de Nietzche, l'aviez vous lu ?

Elle dit :"Un esprit libre est celui qui pense autrement qu'on ne s'y attend, en raison de son origine, de son milieu, de son état ou de sa fonction ou en raison des opinions régnantes de son temps". Ecoutez encore ceci :"L'artiste est celui qui donne un sens à sa vie en faisant une œuvre d'art, qui a le courage d'être incomparable, singulier, intempestif". Comment ne pas songer à vous et   ne pas voir dans vos vies, dans vos deux processus créateurs des analogies fascinantes. L'affirmation de soi, l'énergie, la revendication du corps et de la défense de l'hédonisme sont des thèmes récurrents de son œuvre philosophique et les constances de votre vie. Nietzchéen, vous l'étiez Freddie, décidemment.

Chez vous le sens de la destinée était si net, si fort, que question influence, vous ne sembliez avoir d'autres choix : Hendrix et Lennon . Vos deux mentors avaient élevé leur audace musicale sur le double terrain de l'énergie et de la puissance. Des êtres d'exception donc forcément, ils étaient dignes de votre vénération. Et du coup, cette obsession de les écouter dès le saut du lit, c'était pour vous une façon de prendre la pose, de vous draper dans leur gloire, en attendant, en revendiquant la vôtre.

Une fois parvenu à vos fins, vous n'avez jamais démérité. A qui dérobiez vous le feu sacré avant de vous lancer sur scène ? Vous y étiez si souverain, oui, si extraordinairement solaire. Vous subjuguiez jusqu'à la dévotion. On venait en état d'urgence subir le double choc traumatique de l'homme et de l'œuvre. Ce ne sont pas de vains mots. C'est littéralement vrai. Et cette illusion était si tenace. Freddie, il n'y a plus de bons pyromanes.

Oublions la performance. En tenue d'arlequin ou sur les épaules de Superman, vous étiez le poitrail le plus célèbre du show-biz. Ces photos sous l'éclairage planétaire des rayons laser, que racontent-elles ? Elles disent toutes ce même corps extraordinairement libre dans ses attitudes et dans ses représentations. Un corps exposé triomphant et impérieux, vif et trémoussant, se déhanchant comme on danse sur un volcan. Bref, de toutes les manières, et furieusement vivant. En toutes saisons, ce corps fut le sismographe de toute votre vie. Aux pires heures, il révéla tragiquement le Sida. Et ce ne fut guère étonnant qu'alors, votre disparition donna une arme supplémentaire aux tenants de l'idéal ascétique.

Car il ne semble à personne que vivre fut pour vous une contrariété. Et si être hédoniste, c'est aimer le plaisir par dessus tout, alors vous l'étiez, et superbement. On a pas tous la chance de naître persan . Pour la culture occidentale, la plaisir de vivre est un péché contre l'esprit et il ne reste bientôt plus que la musique pour jouir sans rendre des comptes. Mais, vous, vous n'eûtes pas besoin du coup final du sida pour apprendre à vivre à bout de souffle. Jusqu'à la fin, vous avez su explorer l'intensité de chaque instant, comme si c'était le dernier. "MADE IN HEAVEN" qui fut votre dernière offrande est un monument d'ardeur et d'énergie. Et ce qui le rend extraordinairement poignant c'est qu'il soit tout imprégné de la conscience que chaque minute est comptée, de l'énergie face au destin et surtout de cette effroyable plénitude, de cette noblesse stoïque dans l'attente de l'épreuve des épreuves. Moi, les journées m'effleurent. Elle est curieuse l'impression que songeant à vous, j'ai de vivoter.

Allez, il est temps de conclure car je crains de vous importuner en étant trop longue. La démesure était votre seule mesure. Vous resterez notre figure tragique pour affronter nos ennemis, guerre ou maladie, bêtise, ennui..ou tiédeur !

On vous aime et pour longtemps. Portez vous bien là où vous êtes. Saluez Nietzche, embrassez Hendrix.

Fraternellement vôtre

                                                                                          Laurence Lechesne